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Pourquoi les donateurs doivent aussi financer les frais de fonctionnement des ONG

Les donateurs refusent souvent de financer les frais de logistique, de fonctionnement et d’évaluation des ONG, au profit du soutien à l’aide directe aux bénéficiaires. Un choix contre-productif pour Eric Berseth et Vincent Mudry.

Financer des projets d’intérêt public vous expose à bien des dilemmes. Pour maximiser l’impact de leur argent, les donateurs privilégient la plupart du temps les financements qui arrivent directement sur le terrain, aux bénéficiaires, plutôt que les frais de fonctionnement des sièges des organisations (frais administratifs, communication, fundraising, loyer, salaires, etc.).

Le syndrome du sac de riz

Faut-il ainsi se cantonner à financer le sac de riz, cette aide alimentaire distribuée au bénéficiaire? Généralement appliquée par les bailleurs publics, qui ne financent que 5% à 10% des frais administratifs, cette logique pose de sérieux problèmes aux ONG: acheminer un sac de riz induit évidemment des coûts logistiques ou managériaux.

Contre-productif en terme d’impact, ce mode de financement est même résolument contradictoire avec les critiques classiques adressées aux ONG sur l’utilisation de l’argent donné. Il faut savoir que les ONG sont extrêmement contrôlées, dans la mesure où elles font appel à la générosité du public.

Quid des frais de fonctionnement dans le secteur privé?

Le secteur privé, prompt à dénoncer la mauvaise gestion ou les mauvaises performances des ONG en matière de ratio frais administratifs/frais opérationnels, montre pourtant des ratios qui feraient tâche dans un comparatif avec les ONG. Dans le prix à la vente d’une voiture ou d’un téléviseur, trouve-t-on seulement des coûts de productions et 10% de frais administratifs (sans même ici s’intéresser à la marge)? Nous posons-nous seulement la question?

Quid des frais de recherche et développement, de communication et marketing, d’administration générale, de représentation, d’immobilier, de ressources humaines et leur fidélisation, de formation, de séminaires, etc.? Ces dépenses, jugées légitimes pour le secteur privé, ne le sont-elles plus pour le secteur de la solidarité?

S’il paraît évident que le bon fonctionnement institutionnel d’une ONG est un prérequis au même titre que pour une entreprise, c’est principalement du côté de son expertise qu’il faut chercher lorsqu’on s’intéresse à son impact réel. Cette expertise se manifeste principalement par le fait d’être là où il faut quand il le faut pour délivrer, avec les stratégies et compétences adaptées, ce qu’il faut, aux bonnes personnes. Mais à quel prix?

Des professionnels expérimentés et fidèles = des salaires à payer

Premièrement, l’ONG doit pouvoir compter sur des professionnels expérimentés, formés et qui restent dans l’ONG, ceci impliquant un investissement à long terme. En outre, le secteur étant très concurrentiel, les personnes expérimentées se font rares et l’un des défis du secteur est de pouvoir retenir son personnel après l’avoir formé à ses frais.

Deuxièmement, l’expérience et la compétence d’une ONG est aussi celle de l’institution elle-même, développée grâce à l’évaluation et à la capitalisation sur ses interventions passées. Elle requiert des mécanismes organisationnels institués, des structures et des méthodes, et donc le temps et l’argent pour les mettre en place et les faire fonctionner.

Cette expertise doit ensuite être matérialisée dans des guidelines (instructions) et autres documents de référence, et être incarnée par des services performants de support expert au sein des sièges.

Donner au secteur humanitaire les moyens d’être plus pertinent

Ainsi, un travail annexe d’évaluation, de recherche et développement est nécessaire pour que les interventions évoluent, pour remettre en question les stratégies et méthodologies dépassées et ainsi améliorer les fonctionnements. On reproche souvent au secteur humanitaire un manque de pertinence et d’efficacité, mais lui donne-t-on vraiment les moyens de faire le nécessaire travail de fond pour s’améliorer?

Troisièmement, être au bon endroit et au bon moment requiert une liberté d’action, opérationnelle comme politique, pouvoir faire les évaluations de besoins librement, faire une veille sur les pays, maintenir un dispositif réactif en prévision des crises ou encore structurer des mécanismes de préparation à l’urgence et avoir des stocks pré-positionnés.Tout cela coûte cher et est impossible quand seul le sac de riz est financé. Cela requiert un matelas financier qui permet flexibilité et réactivité. L’ONG doit donc pouvoir disposer librement d’une partie de ses fonds.

L’indépendance financière, le prix de l’efficacité

Les ONG les plus inventives et performantes, les plus réactives et pertinentes, sont celles qui bénéficient d’une indépendance financière et sont ainsi capable de déployer leurs équipes dans les phases critiques de crises humanitaires.

Elles disposent d’un pôle recherche qui alimente la réflexion et l’innovation, et sortent ainsi des schémas préconçus, remettant en question les injonctions des donateurs principaux. Elles développent leur propre savoir-faire, leur propre approche et leurs propres méthodes d’intervention.

Ainsi, pour maximiser l’impact de ses donations, ce n’est pas seulement le sac de riz qu’il faut financer mais toute la machine qui est en mesure de définir que c’est bien un sac de riz qu’il faut distribuer, à cet endroit, à ce moment-là et à cette personne. C’est une question d’impact immédiat mais surtout d’impact à long terme.

Intégrer un facteur capital-risque dans le choix des financements solidaires

Il faut donc accepter un certain niveau de confiance envers l’ONG choisie, qui utilisera les fonds pour répondre de manière pertinente et efficace à cette crise mais qui le sera ainsi, tout autant, lors de la prochaine crise ou dans un autre contexte.

Cette confiance donnée n’est pas forcément aveugle; l’analyse de l’utilisation des fonds d’une ONG hors opérations est en effet cruciale pour faire le tri entre ce qui est nécessaire et pertinent et ce qui ne l’est pas. Si cette analyse est compliquée à réaliser pour des personnes ou structures non-professionnelles du milieu humanitaire, le recours à du conseil spécialisé peut y pallier.

Il serait d’ailleurs légitime d’attendre du secteur privé une vraie compréhension de la nécessité de financer compétences, capitalisation, indépendance et expertise, ou plus encore, d’intégrer et accepter un facteur capital-risque dans le choix des financements solidaires.

Par Eric BERSETH et Vincent MUDRY

Global Initiative to Transform Impact of Research and Innovation for World’s Most Vulnerable

March 3rd, 2022

La vague d’innovation philanthropique atteint la Suisse

December 11th, 2018

En Suisse, la philanthropie s’enseigne

November 30th, 2018

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Les nouvelles technologies au secours de l’humanitaire

Géolocaliser des personnes disparues, collecter rapidement des dons, retirer de la nourriture grâce à des bons électroniques… Lorsqu’une catastrophe survient, le numérique et l’analyse des données sont devenus indispensables pour aider au mieux les populations sinistrées.

À 30 ans, Kat Borlongan est une entrepreneuse philippine dynamique. Son créneau ? L’exploitation de l’open data, autrement dit le partage et une meilleure utilisation des données publiques de l’État et des collectivités. Pour ce faire, elle a lancé sa startup, Five by Five, l’été dernier. Elle travaille pour de grosses écuries nationales comme La Poste ou la SNCF.

Mais depuis peu, la jeune femme a d’autres responsabilités : elle est devenue chef de projet auprès d’un gouvernement philippin débordé face à l’afflux des données après le passage du typhon Haiyan, le 8 novembre dernier.

Ce jour-là, des vents soufflant jusqu’à 315 km/h ravagent le pays. Le bilan est lourd : au 12 décembre 2013, il s’élevait à près de 6000 morts et 1800 personnes dis- parues. Depuis la France, Kat Borlongan lance un appel sur les réseaux sociaux baptisé « Développeurs vs Typhon Haiyan ». En quelques jours, plus de 1000 développeurs et codeurs issus de startup du monde entier proposent leurs services. Elle prend alors contact avec le gouvernement philippin, qui accepte immédiatement cette aide.

Très vite, ces développeurs bâtissent un site pour améliorer la coordination des secours. Une interface spécifique voit le jour, permettant de traiter en temps réel les mails, SMS et autres tweets des personnes appelant à l’aide. « Jusqu’alors, toutes ces données étaient centralisées auprès du gouvernement, avant de transiter par toute une chaîne hiérarchique de comités de secours », explique la jeune femme. Non seulement cette démarche s’avère longue et inadaptée au contexte d’urgence, mais elle entrave la coordination des secouristes. « Faute d’actualisation rapide des données, ceux-ci pouvaient se rendre à un endroit où une personne était déjà sauvée », souligne-t-elle.

20 Millions de Tweets pour l’ouragan Sandy

Travailleurs de l’ombre à côté des secouristes et médecins, les professionnels du Web sont ainsi devenus des rouages essentiels du processus d’aide lors des actions humanitaires. Aux Philippines, l’association CartONG a élaboré des cartes en croisant les informations du terrain et des photos satellites pour localiser les zones sinistrées. « Cela permet aux organisations humanitaires de savoir où se trouvent précisément les populations touchées, explique Maeve de France, la présidente de cette association. Mais aussi de faciliter le travail des logisticiens pour acheminer l’aide à bon port, en dressant l’état des routes, des hôpitaux ou entrepôts pour stocker la nourriture. » De son côté, le géant américain Google a lancé Google Person Finder, un site dédié à la recherche  de  personnes  disparues. Moins de cinq jours après la catastrophe, plus de 73000 formulaires avaient été remplis. Si ces initiatives sur le Net ne sont pas tout à fait nouvelles, elles sont cependant de plus en plus nombreuses et, à chaque fois, avec une ampleur plus grande. À la fin de 2012, lors du passage de l’ouragan Sandy sur la côte est des États-Unis, plus d’un demi-million de clichés Instagram et 20 millions de tweets avaient été postés. Deux ans plus tôt, le tremblement de terre en Haïti a aussi fait l’objet d’une avalanche de tweets. Pour Maeve de France, c’est d’ailleurs cette catastrophe qui a provoqué une prise de conscience des organisations humanitaires sur l’utilité des réseaux sociaux : « À l’époque, ces outils ont permis de localiser des personnes sous les décombres, ou d’identifier des zones pleines de réfugiés aux conditions de vie déplorables. » Face à l’essor du numérique et des moyens de communication, se passer de cette mine que représente le big data n’est plus imaginable. En octobre dernier, l’Union internationale des télécommunications (UIT) estimait que 6,8 milliards d’abonnements mobiles auraient été vendus à la fin de 2013. Un chiffre auquel il faut ajouter plus de 2 mil- liards d’abonnements à l’Internet haut débit sans fil. Dans son dernier rapport sur les catastrophes dans le monde, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et de Croissant Rouge (CICR) n’y va pas par quatre chemins. Lorsqu’une crise majeure survient, « il est aussi important d’avoir accès à l’information que d’avoir à manger ou à boire », peut-on y lire.

Au niveau international, la bataille des données est donc lancée. En 2012, les Nations unies ont lancé Global Pulse. Sa mission? Étudier comment les humanitaires peuvent mieux exploiter une masse de données en expansion constante, de la réponse  d’urgence, au relèvement, jusqu’à la préparation  des  catastrophes futures.

De bons d’alimentation électroniques

Plus d’un mois après le passage de Haiyan, le gouvernement philippin continue de recourir au numérique pour la phase de reconstruction. Pour sa part, Kat Borlongan œuvre maintenant à la mise en place d’un site Internet dédié aux dons. « On manque d’argent, déplore-t-elle. Le pays est connu pour ses pratiques de corruption, ce qui peut rebuter les donateurs potentiels. Notre plate- forme sera donc totalement transparente sur les montants versés et permettra de suivre les projets auxquels ils sont affectés. »

En France aussi, l’ambassade des Philippines se mobilise. Le 23 décembre, elle a lancé un projet de financement par crowdsourcing avec l’envoi d’une newsletter de remerciement aux donateurs de l’Hexagone, qu’il s’agisse d’ONG, d’entreprises privées ou d’élus. Comme l’ambassade ne peut pas directement demander d’argent, elle voit ici un moyen diplomatique de « susciter de l’intérêt », confie Rapunzel Acop, vice-consul et troi- sième secrétaire de l’ambassade des Philip- pines. Sachant que d’après elle, les entre- prises françaises ont versé plus de 10 millions d’euros de dons et l’État français 1,25 million. Cofondateur de Philanthropy Advisors, une société  de conseils  accompagnant  des grands donateurs désireux d’investir dans des programmes humanitaires, Éric Berseth voit dans le numérique un catalyseur « pour permettre aux ONG de communiquer sur leurs activités et lever davantage de fonds ». Selon lui, les nouvelles technologies permettent de gagner  en efficacité. Ainsi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé à la fin de 2013 un sys- tème de bons d’alimentation électroniques. Développées avec Mastercard, ces « e-cartes » doivent permettre à 800000 réfugiés syriens au Liban de retirer de la nourriture dans les magasins participants. Outre un outil puissant de lutte contre la faim, cela permet également de stimuler l’économie locale.

À l’unisson des professionnels de l’humani- taire, Éric Berseth juge toutefois que « rien ne remplace le travail et le diagnostic des pro- fessionnels sur place, comme celui des médecins ou experts en eau ». En outre, « lors d’une crise, les appels au secours émanant des réseaux sociaux proviennent des zones encore connec- tées. Cela ne doit pas faire oublier que d’autres populations, privées de tout moyen de commu- nication, sont aussi dans le besoin », insiste-t- il. À cela, il faut ajouter les problèmes liés à la    publication   de    données  sensibles.

« Lorsqu’une photo d’une fillette de 5 ans qui a perdu ses parents est publiée et géolocalisée sur Twitter, cela constitue un vrai risque… » C’est notamment pour cela que les ONG sont parfois très frileuses au moment de partager certaines informations. Médecins sans fron- tière (MSF) par exemple est extrêmement discrète surses cliniques à la frontière syrienne pourne pas mettre endangerni sonpersonnel sur place ni les personnes secourues. À l’instar des géants du Web et de l’e-commerce, les humanitaires doivent donc se montrer pru- dents avec les données qu’ils récoltent, uti- lisent et transmettent. Un sacré défi.

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March 3rd, 2022

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En Suisse, la philanthropie s’enseigne

November 30th, 2018

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Mieux vaut donner vif que mort, estime le cabinet Philanthropy Advisors

Un philanthrope a-t-il plus intérêt à faire un legs ou à donner de son vivant ? Eric Berseth et Vincent Mudry, deux consultants de Philanthropy Advisors, un cabinet de conseil pour (très) grands donateurs basé à Genève (plus d’infos, cliquez ici), ont très sérieusement réfléchi à cette question…vitale.

Et ont livré leur réponse à Youphil.

Selon eux, le don post-mortem est assez peu « rentable » pour le donateur. Bien que « cette solution apporte la sécurité et le confort de jouir de ses biens jusqu’à sa mort, et de pouvoir faire face à toute éventualité avec l’assurance de l’utilité sociale post-mortem de son capital », elle est aussi très contraignante. Pour l’ONG, qui devra se confronter aux desideratas du testataire, avec souvent, un testament mal ficelé… Mais pour le légataire lui-même, le legs n’est pas si intéressant, ne serait-ce que parce qu’il ne permet pas de profiter des fruits de son action de son vivant. « Le legs, ajoutent-ils, est souvent l’expression d’une volonté de faire le bien après son départ, mais ne permet que rarement de contribuer à une stratégie structurée et efficace à long terme ».

Le don de son vivant, en revanche, offre « la satisfaction de voir l’impact de son action de son vivant (sans pour autant parler de vanité, mais simplement de la satisfaction de contribuer à quelque chose de plus large que soi-même) ». Bref, de donner un sens à son existence. Ce qui n’a pas de prix ! « De plus, donner de son vivant permet de donner à ses descendants une image de générosité, mais aussi une véritable structure efficace et pérenne qui mènera une action au-delà de sa propre existence. D’un point de vue familial, cela permet de se retrouver autour d’un projet commun fédérateur, tout en contribuant à transmettre un patrimoine physique, mais aussi familial. Un alliage de sens, de valeurs et de responsabilités ». Et d’efficacité. Les grands philanthropes étant aussi bien souvent de très avisés entrepreneurs, ils pourront aider l’organisation bénéficiaire à maximiser l’impact de leurs actions.

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Philanthropes, que faire de votre argent?

Vouloir aider ne suffit pas, encore faut-il agir de manière pertinente. Les experts de l’organisation Philanthropy Advisors accompagnent de grands philanthropes. Ils livrent leurs conseils pour Youphil.com.

Quelle cause soutenir?

La question première que se pose le philanthrope est, très naturellement, celle de la cause à soutenir. Aussi paradoxal que cela paraisse sous la plume d’un conseiller en philanthropie, l’engagement d’une partie de la fortune d’un homme ou d’une femme au service d’une cause n’est pas de l’ordre du rationnel, mais de l’émotionnel. Environnement, santé, enfance ou handicap? En France, au Mali ou au Malawi?

Ce qui importe le plus est le lien affectif du donateur avec la cause: toutes les causes sont bonnes pour celui qui la défend! Pourquoi est-ce que je m’engage? Ou plutôt, pour quelle cause est-ce que je m’engage?

C’est cette question sous-jacente qui est au cœur de l’engagement. Ce qui importe n’est pas “où mon argent sera le plus utile“, mais “comment mon argent sera le plus utile“.

Comment dois-je m’engager?

Si la réalisation d’une construction physique (école, orphelinat, ou refuge pour panda) semble à priori une réponse toute trouvée à cette question, il est cependant essentiel de ne pas présupposer des moyens avant d’avoir défini les buts.

En effet, si la réalisation d’une structure flatte le généreux donateur, son engagement sincère dans une cause exige de définir quel en est l’objectif recherché: améliorer le taux d’alphabétisation, diminuer la mortalité infantile ou protéger la biodiversité? En regardant cet objectif général à la lumière d’un contexte local particulier (économique, social, politique etc.), il en émergera des pistes d’actions concrètes pour contribuer à ces objectifs.

Une construction y contribuera peut-être, mais généralement seulement en tant que partie à une réponse plus large et structurée, mettant différentes actions concordantes au service d’un même objectif. Seule une méthodologie poussée d’analyse du contexte et de définition de projet est à même de définir une insertion de l’action dans son environnement pour peser sur un problème précis et contribuer à sa diminution. Mais alors, qui faut-il financer pour contribuer à améliorer quelque chose?

Quel projet, quelle ONG soutenir?

Grosses ou petites? Internationales ou locales? Parmi les centaines de milliers de structures se réclamant ONG, laquelle va pouvoir assurer la qualité du travail nécessaire à la réalisation de mon action?

Si bien sûr l’objet social de la structure doit correspondre à mon but, de nombreux indices sont à chercher, à apprécier, pour mesurer la qualité de leur travail et leur impact.

Si la notoriété est souvent un critère de choix dominant, ce n’est pas non plus suffisant: les comptes sont-ils transparents, audités et publiés sur leur site internet? Un rapport moral détaillé est-il disponible? Les membres du conseil d’administration sont-ils publics? D’où proviennent leurs fonds (fonds institutionnels sérieux, confiance du public)? Leur méthodologie d’intervention est-elle sérieuse? L’ONG respecte-t-elle les normes du secteur (normes sphère par exemple)? L’ONG appartient-elle à des plateformes et réseaux reconnus?

Autant de questions génériques essentielles, qui peuvent en outre être doublées de questions précises sur la conduite du projet, de son concept à sa mise œuvre, autant sur la méthodologie que sur ses procédures de bonne gestion.

Que faire de votre argent? Philanthropes, si vous avez à cœur de trouver les bonnes réponses pour bien investir, c’est un challenge!

Par Eric BERSETH et Vincent MUDRY

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“Notre vocation est d’ériger un pont solide entre les donateurs et les bénéficiaires”

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L’optimisation des donations

PHILANTHROPY ADVISORS. La société genevoise de conseil veut contribuer à la professionnalisation de la branche.

 

Après avoir parcouru le monde pendant des années pour différentes institutions humanitaires, Eric Berseth a crée Philanthropy Advisors, une société de conseil dans le domaine de la philanthropie.

Entretien.

 

En quoi consiste exactement votre activité ?

Nous proposons un service d’accompagnement sur mesure pour la réalisation des aspirations philanthropiques des particuliers, des entreprises ou des institutions. Notre démarche est simple. Nous ne gérons aucun fonds, nous sommes seulement des conseillers. Nous sommes rétribués à la commission sur les bases de notre activité de conseils. Nous optimisons les choix de donateurs. Nous nous positionnons comme des intermédiaires indépendants, garants de l’éthique, de la transparence financière et de la bonne gestion des fonds. Notre but est de nous établir comme un pont solide entre le philanthrope et les bénéficiaires. Nous mettons donc à disposition une expertise et un réseau pour capitaliser et communiquer sur les actions philanthropiques de nos clients.

 

Pourquoi se lancer dans cette activité alors que les banques semblent de plus en plus présente sur ce secteur ?

Notre activité répond à un réel besoin. Les sources philanthropiques dans les banques privées sont très compétentes, mais leur rayon d’action est naturellement limitée dans l’opérationnel. Les banques cherchent à satisfaire leur client. Nous sommes complémentaires. Nous orientons efficacement le donateur en fonction de ses attentes. Pour l’instant, la philanthropie est trop souvent vue comme un simple don. Alors que les donateurs ont des attentes précises. Pour eux, ce n’est pas le geste qui compte mais son efficacité. Or, de ce point de vue, les banques privées ont une capacité réduite en fin de chaîne. Contrairement à nous, car nous avons une connaissance poussée du terrain.

 

Quelles sont vos cibles ?

Nous visons les particuliers, les entreprises et les institutions.

Les particuliers sont essentiellement les grandes fortunes: acteurs ou artistes, sportifs, personnalités du monde des affaire… Nous les accompagnons à chacune des étapes du processus leur permettant de réaliser leur projet au plus près de leurs aspirations. Nous leur permettons d’établir une relation de proximité et de confiance avec les projets, leurs gestionnaires et leurs bénéficiaires. Ce faisant, ils sont certains que les projets développés sont leurs projets. En parfaite adéquation avec leurs valeurs et celles de leur famille. Nous nous adaptons à leurs besoins.

 

Comment approche-t-on cette clientèle ?

A notre stade de développement, nous n’avons pas d’autres choix que de démarcher. Mon associée Mai­Anh Tanguay possède une solide expérience dans la gestion de fortune. Elle possède donc des contacts, des réseaux, permettant de faire connaître notre activité. Le travail est difficile. Il nécessite un dialogue permanent pour bien expliquer ce que nous faisons et ce que nous pouvons apporter.

 

Beaucoup d’entreprises sont très actives dans la philanthropie mais, au final, communique peu sur ce sujet. Pourquoi ?

La communication sur cette activité est souvent difficile car il faut éviter l’écueil de l’image du rachat de conscience. D’autant que de nombreux donateurs sont avant tout motivés par des raisons personnelles et profondes. Leur engagement est lié à leur histoire. Nous cherchons à apporter de la valeur ajoutée à nos clients en les conseillant au-delà de la planification stratégique et de la capitalisation de leurs activités philanthropiques, dans le but de développer et d’améliorer la communication externe sur leurs actions. Mais aussi de renforcer leur culture d’entreprise. L’idée est de faire entrer leurs actions responsables dans une nouvelle ère de cohérence stratégique, de qualité et de transparence. Avec des projets innovants et attractifs, il leur est possible de développer une large palette d’actions bénéfiques pour eux, tant en communication que pour l’implication de vos collaborateurs.

Bref, beaucoup d’entreprises aimeraient communiquer sur ce sujet, mais ne savent pas forcément le faire. Pourtant, c’est ce qu’attendent les donateurs et le grand public pour mesurer l’impact de l’action. Une des raisons pour lesquelles certaines sociétés communiquent peu est le manque de résultats concrets par rapport à l’engagement initial. Cela s’explique souvent par la méconnaissance des réalités d’un pays. Savoir gérer un projet dans sa globalité demande avant tout d’être capable d’estimer parfaitement les spécificités locales. On n’intervient pas de la même façon au Niger qu’au Cambodge. Chaque pays porte ses particularismes. Chaque particularisme demande une approche différente.

 

Vous privilégiez donc la dimension terrain ?

Le terrain est le lieu de l’action, de la finalité du don. Nous possédons à travers nos expériences dans l’humanitaire d’une excellente connaissance du terrain. C’est un avantage important pour les philanthropes. Sur le terrain, beaucoup de petites structures sont souvent très efficaces. Malheureusement, les fonds sont souvent aimantés par les ONG réputée, qui font également un travail remarquable. Notre connaissance précise du terrain nous permet donc de faire le lien entre les petits projets et les gros donateurs qui veulent s’impliquer plus.

 

Interview :

Noël LABELLE

 

CHAQUE PAYS PORTE SES PARTICULARISMES.

TOUT PARTICULARISME DEMANDE UNE APPROCHE DIFFÉRENTE.

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